Intéressant classement que celui publié par l’Express le 3 novembre dernier. Pas de révolution concernant le classement général puisque les trois premières écoles du classement sont encore et toujours l’Essec, HEC et l’ESCP-EAP. Viennent ensuite l’EM Lyon et l’Edhec, les « autres parisiennes… »
Soulignons tout de même la 2e place de HEC. Critère choisi par l’Express pour justifier ce classement? Les relations avec les entreprises. Pas complètement convaincant à mon avis. Non ,vraiment, les trois écoles se tiennent.
Les établissements classés de la 6 à la 12e place sont toujours d’excellent niveau. Mais on se rend compte, comme le souligne l’hebdo, que les valeurs sûres, Audencia, ESC Rouen ou encore ESC Reims, sont bousculées par de fringants nouveaux venus. En hausse, l’ESC Toulouse, mais aussi Grenoble Ecole de Management ou encore Euromed Marseille.
L’analyse intitulée « Les 8 défis de l’excellence » en suite du classement est par ailleurs très complète. Un vrai condensé du discours des directeurs d’écoles.
Pour résumer, les grandes écoles sont aujourd’hui confrontées à un environnement extrêmement concurrentiel. Essor de modèles de type Sciences Po concurrence d’établissements étrangers prestigieux, les ESC ne sont pas des voies incontournables…
Premier impératif, réussir l’internationalisation. Cela, les
institutions d’enseignement supérieur françaises l’ont bien compris.
ESCP-EAP en tête qui vient d’ouvrir son cinquième site, à Turin. Après
Paris, Londres, Madrid et Berlin. L’Essec projette également d’ouvrir
un nouveau campus à Singapour en juillet 2006 et vise d’ici peu
accueillir 30 % d’étudiants étrangers en ses murs –ils sont plus de 50
% à l’ESCP-EAP. Pour faire face, les autres établissements multiplient
les partenariats, les programmes d’échanges d’élèves et de professeurs.
Deuxième obligation, décrocher les accréditations nécessaires pour être
justement reconnues à l’international. Equis, Amba, AACSB, elle sont
des gages de qualité indispensables. De quoi attirer étudiants et
enseignants.
Les enseignants, justement, sont une autre denrée rare que s’arrachent
les écoles. Résultat : ils sont chers. 100 000 $ par an en moyenne pour
un professeur de gestion américain. Il convient donc de les attirer par
des formations de qualité mais aussi des environnement de travail
irréprochables. L’Essec l’a bien compris en inaugurant le 1er octobre
dernier un bâtiment de toute beauté pour le corps enseignant. Coût de
l’opération : 24 millions d’euros… Aujourd’hui, les écoles doctorales
mises en place dans chaque institution sont aussi de ces pépinières qui
les fournissent en forces vives…
Il faut bien de tels cadres pour faire venir également les meilleurs
élèves. Très sollicités, ils sont d’autre part rapidement aspirés par
les meilleures grandes écoles, lesquelles accroissent régulièrement la
taille de leurs promotions. 50 % des préparationnaires sont de fait
recrutés par la première dizaine d’écoles. Aux autres de se débrouiller
pour remplir leurs classes sans nuire à la qualité de leurs effectifs.
Autres points soulignés par L’Express, la nécessaire refonte de la
pédagogie pour la rendre toujours plus efficace, le besoin de suivre la
carrière des diplômés, mais aussi et surtout la nécessité d'accroître
les moyens financiers.
Car sans moyens, pas de nouveaux bâtiments, pas de bons profs, et pas
de bons étudiants… Le problème est que les grandes écoles françaises
manquent d’argent car souvent nées de « parents pauvres », les CCI,
dont les ressources sont limitées et qui peinent à assurer la
croissance de leurs institutions d’enseignement.
Quelle solution adopter ? Accroître les frais d’inscription ? Augmenter
les promotions ? Collecter davantage de taxe d’apprentissage ? Recourir
aux levées de fonds ? Aucune réponse n’est totalement satisfaisante…
Issue la plus crédible: proposer tout un panel d’enseignements,
formations initiales mais aussi formations continues souvent très
lucratives. L’autonomisation croissante des écoles à l’égard des CCI
est une autre réponse.
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