Passionnante Une que celle proposée par le Figaro ce mardi 3 octobre… « Cinq défis pour sauver les facs » titrait ce jour-là le quotidien, après avoir réuni cinq experts du sujet, Jean-Paul Brighelli, Jean-Robert Pitte (directeur de la Sorbonne), Yannick Vallée (premier vice-président de la conférence des présidents d’universités), Patrick Hetzel (président de la commission sur le débat université-emploi) et Daniel Laurent (conseiller du président d’Axa).
Je résume l’article de ma collègue Christine Ducros…
Aujourd’hui, les facs vont mal, c’est une évidence… Campus délabrés, filières sans avenir, étudiants découragés… En cette rentrée 2006, les présidents d’université ont une nouvelle fois poussé un cri d’alarme et demandé aux candidats à l’élection présidentielle de s’engager à dessiner un avenir aux universités… Aujourd’hui 4 étudiants sur 10 renoncent en cours de Deug et sortent sans diplôme.
Aujourd’hui pourtant, les lycéens semblent vouloir en savoir plus sur les diverses filières proposées par la fac, pour ne pas s’y engager à l’aveugle… Selon François Goulard, ministre délégué à l’Enseignement supérieur, « il faut tout faire pour éviter les erreurs d’orientation… »
Nos universités demeurent par ailleurs très pauvres, notre pays dépendant 6800 euros en moyenne par étudiant contre 9000 euros de moyenne au sein de l’OCDE, 13 000 pour les étudiants de prépa et 24 000 pour les élèves des écoles les plus prestigieuses.
Cinq solutions souvent dérangeantes et décapantes sont donc prônées par les experts du Figaro. Tout d’abord orienter dès la classe de 3e. Ensuite Sélectionner à l’entrée. Tertio établir l’autonomie de chaque établissement. Professionnaliser les études. Enfin nouer des partenariats avec les entreprises.
Dans le détail…
1/ Selon Jean-Paul Brighelli, enseignant et auteur de « La fabrique du crétin », vouloir conduire 80 % d’une classe d’âge au bac est une catastrophe qui explique, entre autres, les taux d’échecs en vigueur dans les premières années d’une l’université aux filières souvent saturées alors que les élèves mieux conseillés intègrent les grandes écoles. Le remède ? Orienter dès la classe de 3e et revaloriser les carrières de tailleur de pierres ou de couvreurs… Autre solution, instaurer un système de bourses beaucoup plus performant qu’aujourd’hui.
2/ Selon Jean-Robert Pitte, président de la Sorbonne, on ne peut accepter qu’un bac professionnel d’ébénisterie s’inscrive en philo alors qu’il y a 16 000 places libres en IUT et en BTS. Le remède ? Pousser l’université à sélectionner, pour éviter que ceux qui n’ont aucune chance ne s’engagent dans les mauvaises filières…
3/ Selon Yannick Vallée, premier vice-président de la Conférence des présidents d’université, il faut autonomiser les universités pour que les présidents puissent arrêter eux-mêmes leurs stratégies. Egalement au programme, un double financement Etat-entreprises et une évolution dans la composition des conseils d’administration des facs, peuplés de lobbies en tout genre. Il faudrait enfin moduler les droits d’inscription en fonction des revenus… Il manque environ 3 milliards d'euros aux facultés pour se réformer en profondeur.
4/ Selon Patrick Hetzel, recteur de l’académie de Limoges, l’université doit se rapprocher du monde du travail. Quid dès lors de la réticence de nombreuses universitaires à l’égard des patrons ? Patrick Hetzel, président de la commission sur le débat université-emploi qui remettra sa copie à Dominique de Villepin en fin de mois pense que « les esprits sont mûrs. Les étudiants s’intéressent plus qu’hier à des filières qui conduisent à des métiers. » Quant aux chefs d’entreprise, ils déclarent vouloir se tourner de plus en plus vers l’université. Dès lors, il faut mettre en place au plus tôt « une insertion progressive des étudiants sur le marché du travail. » A savoir développer les stages, apprendre aux étudiants à rédiger un CV, et mieux maîtriser les langues étrangères…
5/ Selon Daniel Laurent, ancien président fondateur de l’université Marne-la-Vallée l’université aurait tout intérêt à se rapprocher des entreprises…Pour ce, il faudra, entre autres, que les « chefs d’entreprises puissent jouer un rôle décisionnaire dans les conseils d’administration des universités. » Au-delà d’un mécénat type Crédit Agricole finançant une licence de comptabilité analytique, il faudrait par ailleurs transformer les étudiants en apprentis. A Marne-la-Vallée où 1 220 étudiants sur 11 500 sont apprentis, beaucoup intègrent à leur sortie les entreprises où ils ont travaillé.
Photo : figaro.fr
http://www.lefigaro.fr/france/20061003.FIG000000032_la_france_malade_de_ses_universites.html
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