Je reprends pour la note de ce jour quelques articles et réflexions lues dans la presse de ces dernières semaines sur la réforme de l'Université...
Pour être clair, la chronique de Michel Pébereau parue dans le magazine Challenges du 1er mars, un article sur les intentions de Nicolas Sarkozy en faveur de l'autonomie des universités paru le 7 mai dans Libération et enfin un article de P.-A. Pillet paru sur le site de l'Observatoire Boivigny sur les projets de Nicolas Sarkozy en matière de supérieur.
1/ Aujourd'hui, les lacunes de l'Université française sont connues. Pour résumer, un manque d'efficacité et de pragmatisme en matière de formations et un manque de moyen évident. J'entendais récemment dans l'excellente émission d'Yves Calvi "C dans l'air" que la France consacrait moins de moyens à ses étudiants –environ 7 000 euros par an– qu'à ses lycéens. Ces mêmes étudiants ont d'autre part moins d'espace en fac pour travailler que les poulets de Bresse pour grandir...
Résultat, des classements internationaux désastreux, la première université française n'obtenant dans le classement de Shanghai qu'une pénible 45e place. Et 80 000 jeunes qui, chaque année, se dispersent dans la nature sans formation valable.
Plus d'autonomie
2/ Pour remédier à ces divers problèmes, Nicolas Sarkozy a annoncé vouloir accorder aux universités volontaires plus d'autonomie avec une gouvernance rénovée et renforcée. Dans le détail 20 membres maximum par conseil d'administration dont un quart de personnalités extérieures et un président élu pour un mandat de quatre années renouvelable au lieu de cinq années non renouvelables aujourd'hui. Notre président de la République a par ailleurs souhaité vouloir ajuster dans chaque filière le nombre de places en fonction des débouchés du monde du travail sans toutefois préciser ses modes d'action.
Autant de mesures qui, il faut le reconnaître, devraient permettre aux universités de mieux prendre en main leur existence, de se fixer de vrais objectifs, et de pouvoir mener des politiques de long terme. Reste qu'il faudra pour que de vraies politiques ambitieuses soient envisageables permettre aux universités de disposer de plus de moyens...
3/ Pour ce faire, l'augmentation des frais de scolarité paraît souhaitable. Sans oublier en parallèle le renforcement des systèmes de bourse voire la mise en place de systèmes de prêts à taux zéro et remboursables après l'entrée dans la vie active. Autant de solutions pouvant bousculer un certain nombre d'habitudes et qu'une gouvernance universitaire plus forte serait mieux à même de défendre. De fait, si la gratuité peut paraître un bien et reste un dogme pour de nombreuses filières, elle s'avère souvent nuisible puisqu'elle prive les facs de moyens. Et il y a longtemps que l'Etat ne peut plus entretenir convenablement ses 85 universités même si Nicolas Sarkozy promet d'accroître de 50 % d'ici 2012 les dépenses publiques consacrées au supérieur. Des études payantes seront par ailleurs un bon moyen de motiver de nombreux étudiants dès lors plus soucieux de rentabiliser l'argent ainsi investi..
Plus d'entreprise
4/ Une participation accrue des entreprises au fonctionnement de l'université serait une autre solution. Avec différents avantages en fonction du mode d'intervention choisi. Envoi de professionnels pour délivrer un certain nombre de cours, mise en place de chaires financées par les entreprises, enseignement en alternance, autant de solutions qui auraient pour effet direct ou indirect de mieux repositionner les enseignements en rapprochant deux univers encore très éloignés l'un de l'autre.
Autre voie prometteuse et dans une certaine mesure déjà mise en oeuvre dans les pôles de compétitivité, une meilleure coopération entre universités et entreprise.
A noter que l'ensemble de ces solutions ont déjà été mises en oeuvre dans les grandes écoles avec de très bons résultats.
5/ Michel Pébereau va même jusqu'à évoquer une modulation du financement public des universités en fonction de leurs résultats en matière d'insertion professionnelle et de recherche... Cette opinion que l'on ma déjà rapportée côté CCIP me paraît intéressante a envisager mais explosive... Je doute qu'un dirigeant politique ou universitaire ait un jour le courage de s'engager sur cette voie.
Nicolas Sarkozy a enfin promis de favoriser le rapprochement entre universités et grandes écoles. Pas nouveau, solution pertinente néanmoins à condition qu'on laisse l'initiative de ces rapprochements au terrain sans imposer de politique d'en haut... Dans ce domaine, les PRES –pôles de recherche et d'enseignement supérieur– qui font converger écoles et facs sont des étapes très intéressantes.
Pou en savoir plus sur tout cela, retrouvez par exemple l'intégralité de l'article paru sur le site de l'Observatoire Boivigny...
http://www.challenges.fr
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