Petite chronique publiée sur le site Envie d'entreprendre la semaine dernière que je voulais vous faire partager...
Les diplômés de nos plus prestigieuses institutions n’ont aujourd’hui que très modérément la fibre entrepreneuriale. Synonyme de carrière presque assurée dans n’importe quel grand groupe, leur diplôme ne jouerait pas son rôle en n’incitant pas assez nos jeunes gens à se lancer dans la création.
La création, dernière roue du carrosse…
Si les contre-exemples à ce que je vais expliquer ne manquent heureusement pas, les chiffres sont cependant cruels pour la création d’entreprise au sortir des grandes écoles. Quels chiffres d’ailleurs ? L’enquête 2007 de la Conférence des grandes écoles sur l’insertion professionnelle des jeunes diplômés ne parle pas de création, les études menées par les écoles non plus bien souvent…
Une exception cependant, l’enquête 2007 du CNISF –Le Conseil national des ingénieurs et scientifiques de France–, qui consacre quelques lignes au rapport qu’entretiennent les ingénieurs –attention, il s’agit de l’ensemble des ingénieurs et non pas dans ce cas des seuls jeunes diplômés– et l’entreprise…
Ses conclusions : « 4 % des ingénieurs travaillent aujourd’hui dans une entreprise qu’ils ont créée, 1,1% dans une entreprise qu’ils ont reprise, 7 % des ingénieurs envisagent de créer ou reprendre une entreprise d’ici deux ans, 72 % ne l’envisagent pas… »
Les chiffres sont donc faibles. A l’inverse, 64 % des jeunes diplômés sont actuellement recrutés par les entreprises de plus de 500 salariés (chiffres Conférence des grandes écoles). Tendance à la hausse…
Le diplôme, une invitation au confort
Pourquoi si peu d’audace, pourquoi tant de méfiance ? Reconnaissons que ces étudiants ont souvent de belles perspectives de carrière dans les grandes groupes internationaux. Il faut dès lors une sacrée motivation pour se lancer seul dans le grand bain.
Jean-Bernard Lartigues, délégué général de la Fondation de l’Ecole polytechnique m’expliquait néanmoins au détour d’une interview accordée pour le magazine X-Passion que s’il n’y avait pas forcément aujourd'hui plus d’entrepreneurs parmi les Polytechniciens que par le passé, ceux-ci se lançaient plus tôt qu’auparavant. « La perspective d’une longue carrière bien tranquille dans une grande entreprise n’est en effet plus aussi sûre. Les jeunes sont donc davantage à vouloir prendre des risques, sachant qu’en cas d’échec, il sera de toute façon possible de rejoindre une structure plus pérenne. »
Pierre Veltz, ancien directeur de l’Ecole nationale des ponts et chaussées, auteur voici quelques mois d’un ouvrage très instructif « Faut-il sauver les grandes écoles ? » (Presses de Sciences Po) est moins optimiste… Pour lui, les grandes écoles sont avant tout de remarquables « machines à sélection d’efficaces cabinets de recrutement pour le CAC 40 .»
Dans l’extrait à venir, il stigmatise tout autant le peu de motivation des jeunes que le manque de structures pour les accompagner : « L’une de nos principales faiblesses est la rareté des créations d’entreprises par les chercheurs et/ou par les jeunes issus des universités ou des écoles. L’une des raisons principales de cette situation est que les débouchés bien balisés et souvent passionnants qu’offrent les grandes entreprises anesthésient largement les envies éventuelles de ceux qui voudraient ou pourraient prendre le chemin, beaucoup plus risqué et pénible de la création d’entreprise. De plus le développement d’un milieu de start-up comme celui qui existe dans la Silicon Valley ou à Boston suppose des effets de seuil quantitatifs qui ne sont pas franchis en France (…) : existence d’un marché du travail suffisamment large et ouvert, existence d’une industrie de capital-risque et d’un milieu de capital-risqueurs qui connaissent à la fois la technologie, la finance et le management et qui, dans le monde darwinien de la technologie de pointe, jouent le rôle essentiel d’aiguillage et d’assemblage des financements, des projets et des ressources humaines. En région parisienne toute particulièrement, le décalage est flagrant entre le formidable potentiel scientifique et technique et la maigreur des résultats en termes de création d’entreprises et d’emplois nouveaux. (…) Aucune école, prise isolément, ne peut mettre en place des programmes d’appui à la création d’entreprise ou de gestion des brevets au bénéfice des chercheurs comme ceux qui existent à Stanford ou au MIT. Aucune école n’a les moyens de bénéficier de programmes de financement substantiels des entreprises. (…) » CQFD.
Au fait, Loïc le Meur fait état sur son blog d’un colloque de 2004 qui s’était déroulé au Sénat sur la création d’entreprise par les diplômés de grandes écoles. Instructif . Pour en prendre connaissance, c'est ici.
Je souhaite faire connaitre l'OPPE (Observatoire des Pratiques Pédagogiques en Entrepreneuriat), créé par les pouvoirs publics en 2001 et dont la mission première est de recenser, mutualiser et promouvoir les dispositifs pédagogiques en faveur du développement de l'esprit d'entreprendre dans l'enseignement supérieur et secondaire. L’OPPE est adossé à l’APCE (Agence pour la création d’entreprise), il recense sur son site tous les programmes de sensibilisation, de formation et d’accompagnement à la création d’entreprise et plus largement à l’entrepreneuriat dans l’appareil d’enseignement.
Je voudrais vous signaler que nous organisons chaque année « les journées OPPE », cet événement se déroule sur une journée et demie, et traite des thèmes autour de l’enseignement de l’entrepreneuriat. Le public est varié, nous recevons aussi bien des enseignants (supérieur et secondaire), proviseurs, personnel académique, accompagnateurs de la création d’entreprise, institutionnels…etc.
Cette année, ces journées se dérouleront à Paris le 29 et 30 novembre 2007 (première journée à l’AgroParisTech et deuxième demi-journée à Paris Dauphine) autour du thème «Créativité & Innovation ». L’année dernière ces journées ont eu lieu à Nantes (Audencia et Université de Nantes) et ont rassemblée près de 200 personnes.
Vous êtes les bienvenues, programme et bulletin d'inscription disponibles en ligne.
Rédigé par : Aïni Hannachi | 26 septembre 2007 à 10:32