Pierre Veltz, ancien patron des Ponts et Chaussées vient d'être interviewé dans L'Expansion. Une discussion pour revenir sur le livre écrit par l'intéressé voici quelques mois et titré "Faut-il sauver les grandes écoles" (Presses de Sciences Po), voir sur ce blog la note du 26 septembre.
Cette interview est une bonne occasion de revenir sur quelques vérités qui peuvent faire mal et notamment le manque de moyens financiers dont pâtissent nos écoles et universités.
Petit retour sur ce dernier point et sur l'intense effort que déploient désormais les grandes écoles pour démarcher les entreprises et leurs propres diplômés de manière à récolter des moyens financiers supplémentaires...
Tout d'abord, quelques faits. L'Etat ne pourra plus à l'avenir mettre indéfiniment la main au porte-monnaie et augmenter les fonds alloués aux grandes écoles et aux universités. Confrontées à un besoin de moyens croissant –les meilleurs profs susceptibles d'attirer les meilleurs élèves sont très chers et les universités étrangères concurrentes de nos grandes écoles et universités très riches–, ces institutions ont besoin d'argent d'où la mise en place de nombreuses fondations chargées de récolter auprès des diplômés et des entreprises les fonds nécessaires. Quelques exemples d'écoles actives en la matière, l'Insead, Polytechnique, HEC mais aussi Saint-Cyr, Supélec ou encore Reims MS.
Longtemps confrontée à un système fiscal très peu favorable à ce genre de démarche, la France est aujourd'hui à la pointe... Depuis l'été 2003, la loi Ailhagon autorise la déduction de 66 % du montant du don pour les particuliers, déduction plafonnée à 20% du revenu imposable, au lieu auparavant de 50% et d'une limite de 10%. Avec possibilité de reporter l'excédent du don sur cinq ans. En pratique, si un particulier verse un million d'euros à HEC, il pourra déduire de ses impôts 660 000 euros et si le plafond de revenu imposable est dépassé, répartir cette réduction sur cinq ans...
Pour les entreprises, les déductions s'élèvent à 60 % plafonnées à 5 pour mille du chiffre d'affaires –au lieu de 2,25 à 3,25 pour mille par le passé.
Cet été, la loi LRU a permis aux universités de se lancer également dans la collecte de fonds en facilitant la création de fondations. Et nombreuses sont celles a avoir pris leur élan. Il suffit d'avoir assisté aux conférences de l'AFF –Association française des fundraisers– début février pour s'en rendre compte puisque étaient sur place une quarantaine de représentants de l'université... Pour quatre l'an dernier...
L'an dernier, l'Insead a bouclé une levée de fonds de 194 millions d'euros... Quant à HEC, l'institution déclarait en 2006 avoir besoin de 110 millions d'euros supplémentaires d'ici 2010... Elle a d'ailleurs débauché à l'Insead un certain nombre de spécialistes pour mener à bien ses opérations...
La suite de ce dossier demain avec plus de détails et quelques liens vers des articles forts intéressants trouvés sur le sujet...
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