A l'heure où la loi LRU, bien que votée l'été dernier, est toujours au coeur des discussions et au moment où l'on n'a jamais tant parlé de la réforme de l'Université, –au point de ne plus trop savoir sur quoi elle débouchera véritablement–, la Conférence des Grandes Ecoles a cru bon voici quelques jours de redéfinir ce qui faisait la spécificité des grandes écoles françaises...
Rappelons que la ministre Valérie Pécresse a nommé ce 4 juin Christian Philip à la tête d'une mission sur le rapprochement entre universités et grandes écoles. Fin mai, elle avait par ailleurs indiqué lors du dernier colloque de la CGE qu'il faudrait désormais "travailler aux partenariats entre grandes écoles et universités, et entre classes préparatoires et universités." Ce qui doit faire grincer pas mal de dents des deux côtés de notre enseignement supérieur.
De quoi faire réagir en tout cas Christian Margaria et ses troupes qui ont voulu réaffirmer "le rôle des grandes écoles dans l'enseignement supérieur français et contredire certaines idées reçues".
Quelques idées forces dont je vous fais juges:
1/ Les grandes écoles sont une vraie force de recherche qui représente chaque année 200 millions d'euros de contrats pour 2500 soutenances, soit 23 % du total du flux des thèses.
2/ Les coûts de formation des universités et des grandes écoles sont les mêmes... entre 60 000 et 70 000 euros par an selon la CGE, chiffres de l'Iredu –Institut de recherche sur l'éducation.
3/ Les grandes écoles, depuis la signature en 2003 de la charte pour l'égalité des chances se veulent plus ouvertes socialement. Un quart des 213 établissements membres de la CGE développant des dispositifs permettant d'intégrer des jeunes de milieux défavorisés.
4/ Pas besoin pour être puissant d'être forcément de très grande taille. Cf Harvard, 20 000 étudiants, et l'Insead, 1 000 étudiants, beaucoup plus connues que certaines grandes universités... Plus important est "l'intensité critique", à savoir le budget par diplômé ou le nombre de profs par étudiant.
5/ Il faut encore encourager le financement des grandes écoles par les entreprises et améliorer le système français d'exonération fiscal. (NDLR: Ce dernier est pourtant déjà parmi les plus incitatifs au monde depuis la loi Aillaghon de 2003.)
Pas de honte enfin à pratiquer des droits d'inscription parfois élevés lorsque l'on examine les rémunérations en sortie d'école. Sous réserve toutefois que des dispositifs de bourses ou d'emprunts adaptés soient mis à disposition.
6/ Les grandes écoles revendiquent l'habilitation à délivrer des masters, quel que soit leur statut administratif et juridique, ce qui n'est pas encore le cas.
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