Aujourd’hui mardi, une petite revue de ce que la presse a pu écrire de la réforme de l’Université. Une presse qui approuve pour l’ensemble mais qui demeure prudente. Où la réforme s’arrêtera-t-elle ?
Autonomie, l’Université y pensait depuis longtemps, François Fillon va peut-être la faire… Tel est l’air du temps, du moins selon la presse. « Université, Fillon déclare l’autonomie », le titre qui samedi barrait toute la page 2 de Libération résume à la fois la volonté du gouvernement et ce que redoute l’enseignement supérieur : Une déclaration et une volonté de changement sans concertation suffisante. « Odes au mérite et à la sélection par principe d’un côté, incantations rituelles au totem du service public de l’autre, les écueils sont connus » explique Renaud Dély dans son éditorial. Place donc au « sage pragmatisme » pour ne pas heurter les sensibilités. La Droite le sait bien, elle qui a souvent laissé plus que sa chemise sur l’épineux dossier de l’éducation. Et déjà on s’interroge : « L’autonomie, qu’est-ce que ça veut dire ? explique toujours dans Libé Bernard Bégaud, patron de Bordeaux II. Tout le monde est d’accord qu’il faut que ça change mais dans quelles limites ? »
« Même si la période choisie semble favorable, reprend Yves Thréard du Figaro dans son éditorial du 1er juin, Valérie Pécresse devra montrer beaucoup de détermination et de conviction pour réussir sur un sujet aussi sensible. » Et pourtant, nos facs sont si pauvres. La France consacre chaque année 7 000 euros à chacun de ses étudiants, contre 10 000 euros environ à ses lycéens et 13 500 euros aux élèves de grandes écoles. Bien loin de la moyenne européenne –12 000 euros. « C’est tout un système qu’il convient de revoir, reprend Yves Thréard. Le gouvernement a décidé de commencer par l’autonomie des établissements. Pour qu’ils puissent gérer librement leur patrimoine immobilier, recruter les enseignants et gérer leurs crédits comme ils l’entendent. Bonne initiative. » Pour réussir cette remise à niveau, Patrick Fauconnier égrène dans le Nouvel Observateur du 31 mai les mesures à prendre et auxquelles réfléchit l’équipe Sarkozy. Là encore, c’est le besoin d’autonomie qui prédomine. « Les facs pourront faire un usage plus souple de leurs budgets. Elles veulent aussi une marge de manœuvre pour le recrutement des profs et pour pouvoir gérer leur foncier. Deuxième mesure, le financement. Les universités réclamaient 3 milliards, Sarkozy a été jusqu’à leur en proposer 15, recherche incluse, sur cinq ans. »
« La loi n’ouvrira pas la boîte de Pandore de la sélection et de l’augmentation des droits d’inscription. »
Incertitude néanmoins, quelles seront les universités concernées ? Catherine Rollot dans Le Monde du 2 juin rappelle que Valérie Pécresse était « favorable à ce que la loi s’applique à l’ensemble des universités, mais selon un calendrier s’étalant sur plusieurs années. » Un vœu généraliste conforme à ce que demande la Conférence des présidents d’universités mais aussi les organisations étudiantes. Et la journaliste d’ajouter que le gouvernement a autant que possible « déminé le terrain en annonçant que la loi n’ouvrirait pas la boîte de Pandore de la sélection et de l’augmentation des droits d’inscription. »
« Les esprits paraissent mûrs pour une réforme, ajoute la journaliste du Figaro Marie-Estelle Pech dans l’édition du 1er juin. La promesse de Valérie Pécresse de ne pas instaurer de sélection à l’entrée des universités ni d’augmenter les droits d’inscription les a pour partie rassurés. Bruno Julliard, le président de l’Unef s’est ainsi dit prêt au dialogue. »
Une réforme dès juillet
Objectif, présenter une réforme dès juillet, « Foncer pour agir pendant l’état de grâce » reprend Patrick Fauconnier dans le Nouvel Obs. Une stratégie intelligente mais qui effraie également les –nombreux– interlocuteurs du gouvernement.
« A quelle sauce vont-ils être accomodés ? » rajoute Libération du 2 juin. « C’est une mesure de privatisation » craint un étudiant cité par le quotidien. « Le risque demeure, reprend l’éditorialiste de Libération, que les projets du gouvernement accroissent le fossé entre quelques facs privilégiées et un grand nombre d’autres délaissées. La hâte qu’il manifeste à vouloir boucler l’affaire en plein été ne rassure pas sur ses intentions. » Autre crainte rapportée par Le Monde du 2 juin qui cite Bruno Julliard de l’Unef « qu’à la rentrée, nous n’ayons plus rien sur les autres chantiers. » Rappelons que cinq chantiers ont été annoncés par la ministre : conditions de vie étudiante, carrières des personnels, conditions matérielles, situation des enseignants chercheurs et lutte contre l’échec. Ce qui n’empêche pas de craindre Alison Cartier pour le site internet de L’Observatoire Boivigny que ne soit repoussées dans le temps « les questions les plus douloureuses. est-ce pour respecter le temps de la réflexion et du dialogue prôné par la communauté universitaire, qui compte tenir des assises à l'automne? Ou bien est-ce reculer pour mieux sauter? »
Quoi qu’il en soit, laissons le mot de la fin à Michel Lussault, président de l’université de Tours, 3e vice-président de la Conférence des présidents d’université –et accessoirement un de mes anciens profs– rapporté par Libé : « Nous sommes mûrs pour cette réforme. S’il n’y a pas de gaffe comme pour le CPE, ça devrait passer. »
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