Augmenter les moyens des universités en ayant davantage recours au privé, distinguer dix pôles d'excellence mondiale, doubler les effectifs des ENS et de ParisTech, quadrupler les promotions de Polytechnique, ouvrir davantage l'enseignement supérieur sur le monde, mieux encadrer les étudiants, les propositions du Rapport Attali ont le mérite d'être claires...
Le Rapport de la Commission pour la libération de la croissance française, ou Rapport Attali dont on parlait tant depuis quelques jours a donc été rendu public ce mercredi. Avec un certain nombre de paragraphes concernant l'enseignement supérieur... Notamment en première partie, intitulée "Participer pleinement à la croissance mondiale"...
Le rapport fait presque 250 pages... J'aimerais avoir le temps de toutes les lire... Comme je suis un peu paresseux, j'ai immédiatement recherché les termes "universités", "écoles" et quelques autres, pour en remarquer une grosse concentration aux alentours de la page 30... A peine quelques paragraphes après le début du chapitre 1, intitulé "Au commencement, le savoir"... Vous pourrez compléter en relisant le dossier téléchargeable dans la note d'hier.
Quelques passages choisis... Ou plutôt quelques décisions, pour reprendre les termes du rapport.
Décision 7: Refonder l'information sur les carrières et prendre davantage en compte les aptitudes non académiques. P29.
Décision 8: Développer les stages en entreprises (dès le collège). P30.
Décision 9: Lancer des concours d'innovation (en collèges et lycées). P30.
Autre ambition, développer un ensemble université/recherche à l'égal des meilleurs mondiaux. Parce que "la préparation à la vie professionnelle doit donc devenir l'un des axes majeurs du projet pédagogique de tout établissement d'enseignement supérieur." Ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui. Notamment parce que les universités françaises reçoivent 8700 euros par étudiant en moyenne pour 36500 euros aux Etats-Unis. "Ainsi seules 3 universités françaises sur 86 figurent parmi les cinquante premières dans le classement de Shanghai et seulement 15 dans les 100 premières."
Objectif: Accompagner les étudiants dès leurs premières années universitaires.
Parce que "l'essentiel se joue dans la première année universitaire, où l'on constate beaucoup d'échecs."
Décision 11: Donner progressivement aux étudiants de licence à l'université un encadrement équivalent à celui des élèves de classes préparatoires aux grandes écoles. (P32).
Décision 12: Généraliser l'année de stage validée au cours du cursus universitaire de master.
Décision 13: Renforcer les formations en alternance. (P33)
Décision 14: Favoriser le retour à l'université après et pendant une expérience professionnelle. (P33)
Décision 19: Renforcer l'autonomie des universités. ( Notamment en matière de gestion financière, de recrutement de professeurs et de rémunérations. (P34)
Décision 20: Renforcer l'évaluation de la performance de chaque établissement d'enseignement supérieur. (P35)
Décision 21: Augmenter les moyens financiers alloués à l'enseignement supérieur, afin d'accompagner les décisions précédentes. (P35).
Décision 22: Développer les financements privés. (P36).
Décision 24: Distinguer 10 pôles universitaires de taille mondiale alliant pluridisciplinarité et excellence. (P37). Ce passage est particulièrement intéressant puisque sont ainsi cités neuf PRES (Aix-MArseille, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Université européenne de Bretagne, Nancy, Université Paris-Eud, Université Paris-Est et ParisTech, avec doublement des effectifs des écoles de ce dernier pôle mais aussi quadruplement des promotions de Normale Sup, Polytechnique et de quelques autres grandes écoles.
Décision 25: Proposer de mettre en place un classement annuel des universités européennes. (P39).
Décision 28: Ouvrir davantage l'enseignement supérieur sur le monde. (P39).
Décision 29: Financer davantage la recherche publique sur projet et à la performance. (P41).
Décision 30: Réformer le statut d'enseignant-chercheur. (P42).
Décision 31: Aider la recherche publique à davantage valoriser et appliquer ses découvertes. (P43).
Décision 32: Développer la recherche privée.
Au fait, Pierre-Alban Pillet (Obs Boivigny) a fait une énoooorme analyse du Rapport Attali rédigé cette fois-ci en 1998 et intitulé "Pour un modèle européen d'enseignement supérieur"... Son analyse est saisissante qui montre que ce rapport contenait en germe toutes les grandes réformes accomplies depuis. Allez donc lire ce passionnant article...
Les polytechniciens ne sont polytechniciens que par l'élitisme de la sélection à l'entrée de le leur école, comme les normaliens. Multiplier les promos par quatre détruira simplement un point de repère important de la recherche (pour les ENS) et des entreprises (pour l'école polytechnique) en supprimant simplement l'élitisme qui imprègne naturellement ces formations. Pourquoi, s'il faut doper ParisTech, n'y incorporerait-on pas betement des facs comme l'excellente fac d'Orsay, (qui a le mérite d'étre déjà sur place), réputée en sciences ?
Rédigé par : ck | 25 janvier 2008 à 10:55