Le directeur de Centrale Lyon Jacques Labeyrie « bidouilleur » de CV, la nouvelle avait fait un certain bruit dans le monde des grandes écoles fin novembre (voir notes de l’époque). J’avais alors interviewé Patrick Bourgin, directeur adjoint de l’ECL mais le manque de temps allait par la suite m'empêcher d’exploiter cette interview. En voici un résumé.
A noter que Patrick Bourgin allait devenir, quelques jours après cet entretien, administrateur provisoire de l’établissement.
Quel est votre sentiment après la découverte de la supercherie ?
C’est bien sûr l’incrédulité. Des bruits couraient depuis déjà quelque temps auxquels nous n’avions pas donné suite. Mais nous avons dû peu à peu nous rendre à l’évidence devant des éléments de plus en plus précis. Et aujourd'hui, c’est la stupéfaction, l’étonnement, et la déception devant l’imposture. Un ressenti que la direction partage avec les étudiants et tous les personnels de l’école.
Que va-t-il se passer maintenant ?
Le conseil d'administration a confié la direction de l’institution au secrétaire général et au directeur général adjoint. Un administrateur provisoire sera ensuite bientôt désigné avant que notre ministère de tutelle ne lance un nouvel appel à candidature. Aucune date n’est pour l’instant fixée.
Cette péripétie n’empêchera cependant pas l’école de fonctionner normalement. Il n’y a aucune raison de penser que Centrale Lyon sera à l'avenir différente de ce qu’elle était hier. Cette histoire n’entachera ni notre diplôme ni notre réputation.
Certains imposteurs peuvent se révéler très doués dans leur domaine. Cela aurait pu être le cas de votre ancien directeur…
Il était impossible pour nous d’admettre une telle situation. Jacques Labeyrie a annoncé de faux diplômes, il était donc inacceptable qu’il puisse conserver sa place et diriger un établissement supposé incarner l’éthique et l’honnêteté. Quelle crédibilité pourrait avoir un directeur coupable de tels agissements ?
Quels titres faut-il pour diriger une institution comme Centrale Lyon ?
Chaque candidat doit présenter un dossier de candidature et un CV, mais il n'y a aucun pré-requis. Aucun diplôme indispensable. C'est pourquoi ce point compte beaucoup moins dans une candidature que le projet proposés et le parcours personnel du postulant. Si le Conseil d’administration, chargé d’examiner les candidatures, peut s’intéresser à la véracité des diplômes annoncés, il n’y est pas obligé. A ma connaissance, les entreprises ne procèdent pas non plus systématiquement à ces vérifications…
Envisagez-vous de poursuivre Jacques Labeyrie en justice ?
Je n’ai pas ce genre de pouvoir mais d’autres instances comme le rectorat pourraient très bien engager ce type de démarche.
(Photo Centrale Lyon)
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