Petite production personnelle publiée sur la newsletter de l'Observatoire Boivigny et que je me permets de reprendre ici...
Les Instituts d'Administration des Entreprises (IAE), ces business schools nées il y a 50 ans au sein des universités françaises, ont réservé un accueil favorable, mais assorti d'une relative prudence, au projet de loi sur l'autonomie de l'Université. S'ils approuvent les nouvelles libertés données aux universités, ils s'inquiètent aussi pour leur propre statut, aujourd'hui protégé par l'article 33 de la loi du 26 janvier 1984 sur l'enseignement supérieur (1). Le cauchemar des IAE serait en effet de devenir des composantes universitaires ordinaires.
Dans une motion diffusée fin juin, ils réclament une clarification de leur situation. « Les IAE doivent avoir une forte autonomie, au même titre que les Instituts d'Etudes Politiques (…). Dans le cadre du projet de loi, cela implique de garantir et de clarifier leurs marges de manœuvre en matière d'effectifs, de choix pédagogiques et de recherche, d'administration et de gestion budgétaire », peut-on lire dans cette motion. L'inquiétude est réelle : Alain Ged, le directeur de l'IAE d'Aix-en Provence, allant jusqu'à estimer que le scénario d'une disparition des IAE n'est « pas totalement inenvisageable ». Mais, en ces temps de refonte de l'Université, d'autres opportunités pourraient se présenter : les IAE se prennent ainsi à imaginer se regrouper entre eux, ou reprendre en main la totalité des pôles de gestion des universités….possible, à condition que le corps des professeurs d'économie ne s'y oppose pas. Déjà, à Strasbourg, l'IAE s'est rapproché de l'école de commerce (IECS) pour former une nouvelle école de management. Pierre Louart, le directeur de l'IAE de Lille et président du réseau des IAE, a répondu à nos questions.
Que vous apporte votre statut dérogatoire au sein de l'université ?
L'article 33 nous permet de bénéficier d'une autonomie claire en matière d'ordonnancement des dépenses. De quoi contrôler notre budget et décider nous-mêmes des choix et orientations stratégiques à conduire. Nous pouvons ainsi faire fructifier nos relations avec le monde professionnel en développant une vraie formation continue ou encore l'apprentissage. Nous pouvons également envisager plus facilement notre développement à l'international.
Cette situation vous place à mi-chemin entre les universités et les grandes écoles dont vous partagez certains traits…
Nous sommes tout à la fois concurrents et partenaires des grandes écoles de commerce, mais restons contraints sur de nombreux points par le système universitaire. Ainsi, lorsque l'on veut mettre en place des droits spécifiques pour favoriser le développement à l'international ou améliorer le suivi de nos étudiants, cela devient tout de suite une source de conflits avec les associations étudiantes et certains présidents d'universités. Pourtant, ces montants, de l'ordre de quelques centaines d'euros, restent raisonnables par rapport à ce que réclament les grandes écoles.
Par ailleurs, nous sommes dépendants en matière de recrutement vis-à-vis d'une université qui ne crée pas toujours les postes là où ils sont indispensables et préfère parfois préserver les grands équilibres en place. Pour résumer, nous n'avons pas toujours les moyens de nos choix stratégiques, freinés par un système dont nous pourrions pourtant être un vrai vecteur de développement. Mais il faudrait pour cela nous transformer en filiales presque autonomes, comme nombre de business schools des grandes universités étrangères…
Il convient toutefois de souligner que tout n'est pas que conflit entre les IAE et les responsables universitaires. Nos rapports sont même souvent très bons. Mais il suffit qu'un président soit moins au fait des enseignements de gestion ou tenu par un conseil d'administration très radicalisé pour que ces relations se dégradent. D'où notre volonté de bénéficier d'une autonomie véritablement institutionnalisée.
Vous avez également un projet de regroupement des IAE en grands pôles ?
A terme, je pense qu'il peut être possible de fédérer nos instituts pour créer une dizaine de grands ensembles très compétitifs. Notre idée serait de regrouper les petits instituts au sein d'ensembles performants de type PRES (Pôles de recherche et d'enseignement supérieur, Ndlr) pour proposer de vrais pôles d'enseignement de management. Pour cela, il faut qu'on nous laisse nous organiser de manière satisfaisante.
NB :
(1) L'IAE de Paris a quant à lui un statut dit « Article 43 » qui lui confère davantage d'autonomie que l'article 33 notamment en matière de budget et de gestion des ressources humaines.
Téléchargement cp_motion_iae.doc
Bonjour.
J'ai trouvé votre blog très intéressant, très vivant, et régulièrement actualisé.
J'ai par contre regretté que l'école que je dirige, l'ESME Sudria, ne soit pas référencée dans la liste des grandes écoles que vous affichez.
Pouvez-vous nous rajouter à cette liste.
Un grand merci.
Bien cordialement.
RV LABORNE
Rédigé par : LABORNE Hervé | 20 juillet 2007 à 15:28